DI Erri De Luca / « ENCORE » de Erri De Luca, traduction de Danièle Valin
Salire una parete è fare una lettura con le dita dei piedi e delle mani. Gli appigli, i buchi, le fessure sono caratteri di una scrittura e chi li percorre legge, come fanno i ciechi con l’alfabeto Braille. Non l’ha inventata l’uomo la scrittura, è stesa sulla superficie del mondo, dal mantello della giraffa allo spargimento di petali su un prato. Non la so leggere ma c’è.
Escalader une paroi, c’est faire une lecture avec les doigts des pieds et des mains. Les prises, les trous, les fissures sont les caractères d’une écriture et ceux qui les parcourent les lisent comme le font les aveugles avec le Braille. Ce n’est pas l’homme qui a inventé l’écriture, elle est étendue à la surface du monde, depuis le manteau de la girafe jusqu’au pré parsemé de pétales. Je ne sais pas la lire, mais elle est là.
Sulla parete con le mosse giuste salgo toccando la linea. Non sempre la capisco e allora con impulso d’impazienza di proseguire oltre, scavalco senza intendere. Il rigo si stende dal basso fino in cima, le prime mosse staccate dal suolo sono le iniziali di un racconto. I passi sono sillabe, ogni sosta un punto. La cima è punto e a capo. Pensieri di chi affida il corpo alle ultime falangi delle dita, il fiato che rimbalza sulla pietra, bacino e fianchi a struscio di lucertola. Poi viene la discesa, che è chiudere la pagina, disfare la salita.
J’escalade la paroi en touchant la ligne avec les bons gestes. Je ne la saisis pas toujours et alors, impatient de poursuivre, je passe outre sans comprendre. La ligne s’étend du bas jusqu’au sommet, les premiers mouvements détachés du sol sont les initiales d’un récit. Les pas sont des syllabes, chaque arrêt un point. Le sommet est le point à la ligne. Ce sont les pensées de celui qui livre son corps aux dernières phalanges de ses doigts, le souffle ricochant sur la pierre, le bassin et les hanches un frottement de lézard. Puis vient la descente, c’est-à-dire terminer la page, défaire la montée.
Se esiste un momento e un punto di possesso che mi fa dire di una montagna che l’ho avuta, non è dalla sua cima. Lassù al contrario io sono interamente suo, della montagna. Ma dal basso guardandola un’ultima volta prima di girare le spalle e completare il ritorno, mi succede il pensiero di possesso, che è sapere d’esserci stato sopra. Dura quanto il tempo della parola grazie.
S’il existe un instant et un point où je sens que la montagne a été mienne, ce n’est pas du sommet. Au contraire, là-haut je lui appartiens totalement. Mais d’en bas, en la regardant une dernière fois avant de lui tourner le dos et d’achever mon retour, il m’arrive d’avoir une pensée de possession, savoir que je suis allé là-haut. Elle dure le temps d’un merci.
Un inverno, febbraio, ero arrivato in cima al Corno Grande del Gran Sasso attraverso la linea chiamata direttissima. C’era luce da cuocere pupille, l’angolo giro d’orizzonte dava illusione d’essere conficcato al centro. Sei invece nel punto più fragile del campo, la cima, il passo numero zero. Masticato il solito formaggio, bevuto il tè ancora tiepido della sera prima, ho cominciato a scendere lungo la cresta. La neve in quel tratto era diversa da quella di salita. Morbida in superficie, dura sotto, due strati incoerenti, uno slitta dell’altro. Muovevo passi diffidenti, le punte di acciaio sotto gli scarponi assaggiavano il peso prima di appoggiarsi. Una traccia battuta mi aiutava a ripeterla. Così in un punto qualsiasi, niente che lo avvisava, il metro su cui passavo è franato. Esattamente quello, non di più, il metro su cui stavo. Ho guardato il pendio sotto di me, mille metri di scivolo tra costoni di roccia, il corpo avviato dentro un abissale flipper. Credo che m’è scappato il ridicolo grido di: «aiù». Nessuno poteva soccorrermi. Gli alpinisti dicono: tre secondi. Se non riesci a fermarti in quei primi tre secondi, prendi velocità, inizi a ribaltarti e sei da polpette.
Un hiver, en février, j’étais arrivé au sommet de la Grande Corne du Gran Sasso à travers la ligne appelée la voie directe. Il y avait une lumière à se griller les yeux, l’angle plein de l’horizon donnait l’illusion d’être planté au centre, alors que tu es au point le plus fragile du champ, le sommet, le pas zéro. _.Après avoir avalé mon morceau de fromage habituel et bu le thé encore tiède du soir précédent, j’ai commencé à descendre le long de la crête. À cet endroit, la neige était différente de celle de la montée. Molle en surface, dure au-dessous, deux couches incohérentes, l’une glissant sur l’autre. J’avançais à pas méfiants, les pointes en acier sous mes chaussures testaient mon poids avant de se poser. Une trace sur la neige m’aidait à la reproduire. Ainsi, à un moment donné, et rien ne le laissait supposer, le mètre sur lequel je passais a cédé. Juste celui-ci, pas plus, le mètre sur lequel j’étais. J’ai regardé la pente au-dessous de moi, mille mètres de chute au milieu des arêtes rocheuses, le corps lancé dans un abyssal flipper. Je crois que le cri ridicule « à l’aide », m’a échappé. Personne ne pouvait me secourir. Les alpinistes disent : trois secondes. Si l’on n’arrive pas à s’arrêter pendant ces trois premières secondes, on prend de la vitesse, on commence à rouler pour finir en bouillie.
Il mio corpo ha toccato il pendio e ha cominciato a correre in giù, ma in posizione buona, non a testa sotto. Non mi sono sbandato, non mi è passato agli occhi il documentario abbreviato della vita svolta, ma solo e precisamente la piccozza che stringevo a due mani. Non ricordo com’è finita la seconda mano sull’impugnatura. Nei primi metri ho raddrizzato l’angolo del corpo con un colpo di schiena e ho piantato la piccozza nella neve dalla parte della paletta. Non ha funzionato, ha ottenuto solo di trascinare altra neve con me. Così ho saputo che avevo perduto, che i secondi erano scaduti e più per rabbia che per convinzione ho girato tra le mani la piccozza dalla parte della punta dentata e in piena corsa l’ho sbattuta contro la crosta scatenata a pista sotto di me, che mi portava via, più per ferirla, scorticarla col graffio dell’inutile artiglio, per lasciarle un’unghiata sulla faccia splendente. Il profilo seghettato della punta affondò con uno strappo contro la velocit à, raggiunse lo strato rigido scatenando attrito, scaricando il fremito del freno in tutto il corpo. Altri metri più giù spezzò la corsa verso le carambole. Ero ancorato alla piccozza curva, un luminoso acciaio dipinto in giallo. Il corpo girato sul lato sinistro, il braccio destro sopra l’impugnatura: ripetevano la sagoma di un’àncora. Mai stata così uguale alla stessa parola d’altro accento: ancòra, c’ero ancora. Mi ero fermato. Non mi schizzava il cuore, non respiravo affanno, ero soltanto e come prima vivo. Una testa di martello aveva provato a spiantarmi dal legno, la mia presa di chiodo aveva resistito e c’ero ancora, ribadito al suolo da un attrezzo e dall’istinto di serpe della spina dorsale che s’era mossa a scatto per afferrarsi al suolo, senza nemmeno passare per la testa, direttamente da schiena a braccio in tempo elettrico. Prepotenza di vivere, di pretenderlo a forza, è stato uno dei Natali aggiunti fuori calendario, colpo di grazia e di fortuna, a scippo.
Mon corps a touché la pente et a commencé à courir vers le bas, mais dans la bonne position, pas la tête la première. Je n’ai pas dérapé, le documentaire en raccourci de ma vie ne m’est pas passé devant les yeux, mais seulement et très précisément le piolet que je serrais à deux mains. Je ne me rappelle pas comment ma deuxième main a fini sur le manche. Dans les premiers mètres, j’ai redressé l’angle de mon corps d’un coup de reins et j’ai planté mon piolet dans la neige du côté de la panne. Ça n’a pas marché, le seul résultat a été d’entraîner encore de la neige avec moi. C’est ainsi que j’ai su que j’avais perdu, que les secondes étaient écoulées et, de rage plus que par conviction, j’ai fait tourner le piolet entre mes mains du côté de la pointe dentelée et, en pleine course, je l’ai lancée contre la croûte transformée en piste qui m’emportait, plus pour la blesser, l’écorcher de ma griffe inutile, pour laisser une égratignure sur sa face resplendissante. Le profil en dents de scie de la pointe plongea d’un coup sec contre la vitesse, atteignit la couche plus dure, déclencha un frottement et déchargea le frémissement du frein dans tout mon corps. Quelques mètres plus bas, il arrêta net ma course vers le carambolage. J’étais ancré au piolet recourbé, un morceau d’acier éclatant peint en jaune. Mon corps tourné du côté gauche, mon bras droit au-dessus du manche : ils reproduisaient la silhouette d’une ancre. Ce mot n’a jamais aussi bien collé à son homonyme accentué différemment : ancòra, c’ero ancora, encore, j’étais encore là, tel une ancre. Je m’étais arrêté. Mon cœur ne cognait pas, je n’étais pas essoufflé, j’étais seulement et comme avant, en vie. Une tête de marteau avait essayé de m’arracher au bois, ma prise de clou avait résisté et j’étais encore là, tel une ancre, rivé au sol par un outil et par l’instinct de serpent de ma colonne vertébrale qui avait bondi d’un coup pour s’accrocher au sol, sans même passer par le cerveau, directement du dos au bras en un temps électrique. Cette furieuse envie de vivre, de l’exiger à toute force, a été un des plus beaux Noëls en supplément du calendrier, coup de grâce et de chance, un vol à la tire.